LES JARDINS SPIRITUELS

" Le jardin a une sacralité universelle. Toutes les traditions en ont fait un maître de sagesse et le lieu du bonheur. Toutes, ou presque, y voient un espace sacré, accueillant, méditatif, nourricier. Intermédiaire entre Terre et Ciel, symbole de fertilité, le jardin est au coeur de nombre de mythes et religions. Création des dieux autant que des hommes, il est le chaos transformé en refuge, un lieu calme et béni dédié au repos et au bonheur. Favorables à la retraite intérieure, au parcours méditatif, à la contemplation, les jardins spirituels incarnent bonheur, travail, générosité, patience et constance ; on y perçoit la beauté du monde, on y accepte la condition humaine. Tout change et varie à l'infi ni dans un jardin, tour à tour caressé, arrosé ou malmené par le vent, la pluie et le soleil. Tout change mais rien ne meurt. Il s'en dégage une impression de pérennité, d'éternité. Ceux qui jardinent le savent bien : nul besoin de pratiquer une religion, ni même d'être croyant, pour éprouver ce sentiment de plénitude et d'humilité devant l'oeuvre quotidienne de la nature, pour communier avec une force qui nous dépasse et pour comprendre que notre univers ne se limite pas à ce que l'on voit. C'est pourquoi la nature spirituelle du jardin a traversé quelques millénaires de littérature avec la constance d'un symbole universel. Celui du Paradis, bien sûr. Le jardin est resté, tout au long de l'histoire, la représentation même de la relation entre l'Homme, la Nature, le Cosmos et Dieu. Il est une image du monde ; mieux, une mise en ordre du monde. "

Anne Ducrocq


Ce sont les milles formes empruntées par le jardin au fil des siècles et des cultures que cet ouvrage explore avec bonheur : les jardins idéalisés de la mythologie grecque, le paradis perdu de la Rome antique, le résumé du monde que représente le jardin dans les civilisations amérindiennes, dans la Chine ancienne, ou dans la tradition taoïste chinoise et dans le zen japonais, l'exaltation de la nature chez les juifs comme chez les musulmans, et enfin, dans l'Occident chrétien, le lieu du bonheur terrestre et symbole du jardin perdu, céleste.