SAS 61 LE COMPLOT DU CAIRE

L'onde de choc secoua tout le lobby du Sheraton. Le concierge, en train d'indiquer le chemin de la salle de jeu à des touristes, sentit son estomac se serrer. Une bombe ! Ce n'était pas la première au Sheraton... D'une main tremblante, il décrocha son téléphone et composa le numéro des pompiers. Deux soldats en armes et en uniforme noir, sentinelles de l'ambassade d'URSS voisine, surgirent dans le hall.

–; Voilà, annonça le général. Il est complet. Mansour Karoun se pencha et effleura du doigt la fibre de verre verdâtre. C'était la première fois de sa vie qu'il voyait un missile " Strella " soviétique plus connu sous le nom de Sam 7. –; C'est le missile ? demanda-t‑il. –; Non, expliqua le général, c'est le tube de lancement, qui sert également de container de stockage et de transport. Le missile est à l'intérieur. Il ne faut pas le sortir car ses ailettes sont repliées. En les dépliant, on l'arme. Mansour Karoun souleva l'engin par la sangle : –; Ce n'est pas lourd. –; Neuf kilos deux cents pour le missile, deux neuf cents pour le lanceur et un sept cents pour la crosse, récita le général. –; Et ça porte loin ? –; Trois kilomètres et demi. C'est l'ancien modèle. LE COMPLOT DU CAIRE 53 –; Mais il marche ? demanda Mansour Karoun plein d'inquiétude. –; Oui, oui, il marche ! assura le général en souriant. La batterie a été vérifiée. –; Comment ça marche ? demanda Mansour avec avidité. –; Oh, c'est assez simple. Le général ôta le cache avant et posa le doigt sur la calotte transparente qu'on apercevait à l'avant de la fusée. –; Voilà le système de guidage infrarouge. C'est ce qui amène la fusée sur l'objectif, attirée par la source de chaleur des réacteurs ou de moteurs. –; Il ne peut pas s'échapper ? demanda Mansour, inquiet. –; Non, non, fit le général. Le Sam 7 se déplace à Mach 1,31. Mansour Karoun contemplait les cent quarante-deux centimètres de la fusée, fasciné. La poignée du lanceur comportait une détente comme un bazooka. Le général montra le petit cylindre, devant la crosse. –; Voilà la partie la plus importante, dit-il, la batterie thermique. Une fois qu'elle est activée, vous mettez le lanceur sur l'épaule un peu comme un bazooka et vous visez dans la direction où vous pensez qu'il y a un objectif... –; Oui, fit Mansour. Et ensuite ? –; Ensuite, vous appuyez sur la détente. Il y a deux bosselles. La première active le système de guidage de la fusée. Si l'objectif est dans le rayon d'action de la cellule 1. Environ 1 450 km/h. 54 LE COMPLOT DU CAIRE infrarouge, un voyant rouge s'allume et un signal sonore se déclenche. Cela s'appelle l'acquisition d'objectif. Ensuite, quand on est sûr que celui-ci est à portée, on appuie un peu plus sur la détente pour déclencher la seconde bossette. Ce qui met le feu à la charge propulsive...Celle-ci brûle entièrement à l'intérieur du tube-lanceur, ce qui permet de ne pas se protéger le visage. Un tiers de seconde. Elle s'interrompt, puis la charge de croisière prend la suite. Après, la fusée est " aspirée " par la chaleur des moteurs et explose.