Propos-exutoires

Si l'aphorisme est la forme tendre de l'écriture, écrit Jean-Yves Clément, c'est que tout lui est ouvert. La forme de l'aphorisme a ceci de commun avec la musique - et c'est là aussi sa prétention - qu'elle offre en se dérobant et se donne à interpréter dans le même temps qu'elle se crée.

Le sous-titre - musical - de ce livre pourrait être : motifs d'écriture en forme de variations. Mais que l'on entende bien ; l'écriture, ici, ne varie qu'elle même. L'unité de ces fragments réside - paradoxalement ? - dans cette absence d'un thème " obligé " ; par-delàles " motifs " , plus parfois que le " sens ", ce sont le rythme et le ton qui importent et décident de la validité même du texte.

S'il est vrai que les plus beaux raisonnements ne sont toujours que des états d'âmes déguisés, il s'agit bien dès lors de parvenir à ce point essentiel où la pensée se fait être et sang et que les longs discours compromettent toujours.

Les livres qui rendent fous sont ceux que la musique n'a su écrire, affirme l'auteur. Celui-là en fait partie.