LA POLITIQUE DANS L'ADVERSITE - MERLEAU-PONTY AUX MARGES DE LA PHILOSOPHIE

Une philosophie au-delà des partis et des courants qui éclaire les spécificités universelles de l’expérience et de l’action politiques

Cet ouvrage cherche à saisir dans l’ensemble de l’œuvre du grand phénoménologue français les éléments théoriques d’une philosophie politique dont l’intérêt fondamental est de prendre en compte l’inscription de tout un chacun dans la contingence historique et d’expliciter sur cette base les structures de l’action et de l’expérience du politique.

La conception de l’action et de l’expérience du politique proposée par Merleau-Ponty s’appuie fondamentalement sur les notions centrales d’adversité et d’ambiguïté. Si l’adversité est une fermeture ou une entrave des choses et des institutions vis-à-vis de notre action, allant parfois jusqu’à la susciter, l’ambiguïté représente une possible ouverture à cette action et à ses enjeux. L’ambiguïté marque la brèche dans laquelle l’action peut s’identifier à la liberté et se projeter vers un horizon où elle rencontre les intentions d’autrui — avec le risque cependant de la voir se diluer dans le mélange et l’incertitude qui entachent fatalement l’interprétation des intentions d’autrui. L’action politique représente ainsi, à la fois, une modalité du rapport aux autres déjà institué et une manière de créer par transformation et création de nouvelles communautés d’action.

La politique, marge de la philosophie, horizon et atmosphère dans laquelle la pensée s’enracine et se déploie, doit être interprétée à travers l’expérience de notre corps et de notre perception, à travers la rencontre avec les autres et les perspectives complémentaires et antagonistes que les acteurs portent sur le monde. Elle est une situation qui porte en elle-même une série de significations dont la structure doit être interrogée par la philosophie. Ainsi, alors qu’elle semble menée selon des intentions qui sont claires à tout acteur, l’action politique est aussi dirigée par une intentionnalité qui lui échappe au moment d’agir et que la phénoménologie est à même de dévoiler.

À travers l’œuvre et l’engagement politique du philosophe français, Jérôme Melançon met en avant ce qu’ils expriment d’universel pour une philosophie politique qui prenne en compte la violence, la liberté et la relation de la pensée à l’action. Les concepts qui ressortent de cette philosophie relancent ainsi le lecteur vers sa propre expérience de la politique, dans toute sa dimension de terreur et, dans le même temps, vers toutes ses promesses : affaire de tous mais toujours expérience en première personne.