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Une Merveilleuse victoire qui n'existait pas
EAN : 9791069986930
Édition papier
EAN : 9791069986930
Paru le : 4 juil. 2022
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- EAN13 : 9791069986930
- Date Parution : 4 juil. 2022
- Disponibilite : Disponible
- Barème de remise : NS
- Nombre de pages : 136
- Format : H:210 mm L:145 mm E:12 mm
- Poids : 195gr
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Résumé :
La bourgeoisie s’est révolutionnée à travers la révolte de ses propres enfants, retournant tous les moyens de la révolution pour se rendre inaccessible aux mêmes moyens à l’avenir. Et l’imitation face à la réalité présente des idées conçues par nos aînés face à la réalité qui leur était contemporaine revient à répéter en farce ce qu’ils avaient vécu comme une fête, ou comme une tragédie. Voilà un des enseignements que nous dispense «Une Merveilleuse Victoire ».
Mais ce n’est pas tout : on y rencontre aussi des réflexions amères, sur cette époque, sur ceux qui l’habitent, ainsi qu’un éclairage singulier sur le destin de ces événements, qui ont bien contribué à changer la vie, mais pas comme nous l’avions imaginé, dont les significations nous deviennent peu à peu étrangères, dont les fulgurances sont éteintes, dont la mémoire s’éloigne. Comme s’éloignent les espérances, les convictions, les illusions et les expériences de ceux qui nous ont devancés, parce qu’elles ne peuvent être rapportées à rien dans la nature de notre temps, parce que les capacités sont tombées en désuétude qui permettaient de les embrasser par l’esprit, de les comprendre, de les revivre ou de les interpréter. Et le rêve d’une chose, dont il aurait suffi au monde de prendre conscience pour la posséder réellement, s’est évanoui à son tour.
Dans une deuxième partie, Le lecteur est invité à renoncer dans son bagage aux idées clefs, aux plus certaines, aux plus consolatrices – suivant l’invitation formulée par Pasolini dans ses Lettres luthériennes –, et aux routines intellectuelles héritées d’une mémoire fossilisée qui servent de fonds de commerce au microcosme contestataire, à balayer enfin les codes arbitraires relevant d’un ordre tribal non avoué qui conservent une forte emprise sur les ZAD et sur les places.
Et pour braver la peur de l’inconnu, dernier rempart des pouvoirs, pour surmonter cet état d’inconscience et de déni qui nous rend irresponsables à l’égard des conséquences de nos actions, ou de nos inactions, pour concourir à l’avènement de ce mythe révolutionnaire nouveau dont les éléments épars, d’après André Breton, n’attendent que d’être recueillis, et pour porter la société au seuil de cette remise en cause fondamentale qui préside à la naissance d’une nouvelle utopie, ils rechercheront dans l’héritage du messianisme prolétarien toutes les valeurs morales dont il a été l’exaltation, ainsi que toutes les propositions qui ont résisté à l’épreuve du temps.
On verra alors qu’il n’y a pas d’irréversibilité absolue, que l’histoire n’est pas un Moloch avaleur de possibles condamnant le devenir à un dépouillement irrémédiable, qu’il ne s’agit pas de tirer un grand trait suspensif entre le passé et l’avenir, mais plutôt d’accomplir les idées du passé. Et que l’humanité ne s’engage pas sur une voie originale, mais qu’elle poursuit son œuvre ancienne avec constance. -
Biographie :
Je suis né avec la première bombe à Hydrogène, deux ans après la fin du plan Marshall, dans un monde où la puissance pratique de cette société, détachée d’elle-même, s’est édifiée en un empire indépendant ; où toutes les forces sociales du travail se présentent en tant que forces productives du capital, se dressant face aux travailleurs comme une réalité étrangère et hostile ; où le capitalisme est en passe d’anéantir tous les rapports sociaux qui lui préexistent pour leur substituer des espaces et des relations qui lui sont propres, intégrant dans son cycle la reproduction de la classe ouvrière et l’ensemble des conditions de sa mise en oeuvre, où la perspective lointaine de la société des loisirs justifie la généralisation du taylorisme, et où les grandes compagnies qui rançonnent la planète sont bien placées pour profiter de tout, de la guerre, de la paix, des catastrophes naturelles et de leur réparation6. Mais où l’économie criminelle n’a pas encore fusionné avec l’économie réelle.
Un monde où les voyageurs de commerce arpentent les couloirs des HLM et des résidences, où les patrons ne sont pas devenus des chefs d’entreprise, où l’industrie reste un domaine secret, fermé sur lui-même, ignorant le management et la communication, où l’ordinateur n’a pas remplacé la machine comptable, où les hommes n’assistent pas à l’accouchement, où ils se réservent tous les emplois dans les fonderies, dans les mines, sur les chantiers du bâtiment et sur les bateaux de pêche en haute mer ; où l’on ne parle pas des droits de l’enfant ni de la qualité de la vie, mais où les rapports entre les sexes ne sont pas toujours sordides, comme on voudrait nous en convaincre maintenant ; où ce ne sont pas l’indignation, la justice alimentaire, le principe de précaution ni l’équité générationnelle qui mettent les jeunes sur le pavé, sous les regards émus de leurs parents, mais l’appareil romantique du messianisme prolétarien, l’ivresse de se perdre dans des villes étrangères, ou l’amour fou. Et comme autant de certitudes perduraient les saisons, la distribution des prix, les colchiques et les pierres à feu. J’ai donc connu le règne triomphal de la famille nucléaire et des arts ménagers, la Communauté européenne du charbon et de l’acier, la coexistence pacifique, le rideau de fer, l’aménagement du territoire, et l’avènement d’un nouveau pouvoir exigeant des hommes dépourvus de liens avec le passé. Dans ce nouveau pouvoir, dans son ardeur cosmique à aller jusqu’au bout du développement, Pasolini avait reconnu une mutation des vieilles couches dirigeantes. Et c’est au péril de sa vie qu’il esquissait les grands traits d’un véritable bouleversement anthropologique, à travers lequel les sociétés occidentales allaient rompre définitivement avec la civilisation agraire dont elles étaient issues.