Étranger

Anamosa - EAN : 9782381910741
Karine Parrot
Édition papier

EAN : 9782381910741

Paru le : 21 sept. 2023

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  • EAN13 : 9782381910741
  • Réf. éditeur : 1004753
  • Collection : MOT EST FAIBLE
  • Editeur : Anamosa
  • Date Parution : 21 sept. 2023
  • Disponibilite : Disponible
  • Barème de remise : NS
  • Nombre de pages : 112
  • Format : H:194 mm L:106 mm E:12 mm
  • Poids : 106gr
  • Résumé : Dans la veine propre à la collection Le mot est faible, ce nouveau titre revient, sous l'angle du droit, sur l'histoire de la nationalité française inventée à la fin du xixe siècle et utilisée depuis pour fabriquer des étrangers et les soumettre à des régimes plus ou moins sévères et cruels suivant les besoins du marché du travail.

    de définition univoque de l'étranger. Il se définissait par défaut comme
    celui qui n'appartient pas à la communauté et il existait donc autant de
    figures de l'étranger que de manières inventées par les humains de
    former communauté. Ce flou entourant la notion d'étranger a aujourd'hui
    disparu. L'État-nation s'est approprié le concept pour en dessiner les
    contours au scalpel : l'étranger est celui qui n'a pas la nationalité de l'État
    sur le territoire duquel il se trouve. Désormais attribuée de manière
    certaine par l'effet du droit, la nationalité sépare irrémédiablement le
    national et l'étranger pour soumettre ce dernier à un régime spécial,
    arbitraire, plus ou moins sévère et cruel suivant les besoins de l'économie
    et les considérations politiques du moment. Et lorsqu'on se penche sur la
    condition des personnes étrangères en France, on observe un droit
    ségrégationniste – ce qui semble largement admis – et un racisme
    systémique de l'État et ses institutions, qu'elles nient avec un cynisme de
    moins en moins feutré.
    L'un des enjeux de l'ouvrage est de montrer que la catégorie d'étranger –
    opposée à celle du national – n'a rien de naturel. En revenant sur la
    fabrique de la nationalité française à la fin du xixe siècle, on comprend
    qu'elle n'est pas un attribut de la personne humaine et que la qualité
    d'étranger, définie en creux, l'a été depuis son origine par l'État à des fins
    utilitaristes. Satisfaire le marché du travail et organiser la ségrégation des
    candidat·es suivant leur origine, voilà les deux axes inconditionnels de la
    politique migratoire française. Lorsque le besoin de main-d'oeuvre " peu
    qualifiée " baisse dans la dernière partie du xxe siècle, la France puis
    l'Europe tout entière cherchent à entraver l'arrivée de nouveaux
    " migrants ", notamment grâce à des systèmes juridiques et policiers
    toujours plus sophistiqués. Ces dispositifs de " gestion des flux " obligent
    les personnes qui veulent gagner l'Europe à mettre leur vie en jeu et –
    c'est un phénomène nouveau – elles sont des milliers à mourir chaque
    année sur les routes de l'exil.
    Si tout cela est possible, s'il existe des milliers d'agents étatiques pour
    mettre quotidiennement en oeuvre ces politiques inégalitaires et féroces,
    c'est qu'elles sont largement habillées par le droit. Le droit est en effet un
    outil terriblement efficace : il confère à cet édifice macabre sa légitimité,
    tandis que l'enchevêtrement des textes et l'abstraction des catégories
    juridiques tiennent le réel à distance.

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