L’espionnage, c’est le vol ! « C’est une activité criminelle qui s’effectue de surcroît dans un environnement hostile », explique l’auteur, espion français de la DGSE (direction générale de la Sécurité extérieure) depuis 30 ans. Si les officiers des services de renseignement intérieur travaillent dans leur pays et sont encadrés par des lois, les officiers de renseignement extérieur ne sont pas protégés et travaillent en toute illégalité. À l’instar des agents de la fameuse série Le Bureau des légendes, « notre travail est de subtiliser des secrets et mener des actions clandestines qui enfreignent les lois du pays. On se retrouve ainsi plongé au sein de sociétés, dont on ne partage pas les codes ni les normes, et confronté à des personnes qui peuvent être des criminelles et des terroristes. Si ce n’est pas illégal, ce n’est pas une opération de renseignement », constate Denis Henri.

Si l’espionnage est une activité criminelle, il est en revanche important de lui trouver des limites afin d’éviter les dérives et affronter les situations les plus périlleuses. C’est l’objet de cet essai. Mêlant exemples personnels, exemples historiques et réflexions philosophiques, ce manuel pratique du bon espion, d’un agent qui a travaillé dans de nombreux pays étrangers depuis 30 ans, répond à une centaine de questions essentielles : quelles sont les règles et les limites que l’espion doit s’imposer ? Faut-il faire passer l’intérêt de son pays avant tout ? Comment déterminer la cause juste ?

L’espion traite aussi de questions plus sensibles : peut-on utiliser le chantage et la menace pour arriver à ses fins ? Dans quel cas peut-on utiliser la violence ? Y a-t-il des cas où la torture est justifiée et efficace ? Peut-on tuer et dans quel cadre ? Que fait-on en cas de bavure ?

Denis Henri aborde également des questions plus intimes : jusqu’à quelles limites peut-on embarquer sa femme et ses enfants ? Que peut-on leur dire ? Peut-on espionner ses amis ou ses collègues ? Jusqu’où peut-on jouer avec la séduction, engager une relation sexuelle pour tromper une cible ?

Pour nourrir sa réflexion et trouver un outil éthique et utile à l’action opérationnelle, l’espion prend appui sur le concept du jeu. C’est le jeu de l’espion. Pour être agent, il faut se demander dans quel camp et quelle équipe on veut jouer. Peut-on jouer avec des preneurs d’otages, des terroristes et les services ennemis ? Peut-on tromper une source en cachant les règles du jeu ? Comment éviter le vertige du jeu ?

Denis Henri est un agent de la DGSE. Il a recruté de nombreux espions et travaillé dans de nombreux pays …