Le Coq rouge

Au Monténégro, où la population, pour majorité chrétienne, compte un certain nombre de musulman, Muharem, jeune garçon abandonné à lui-même n'a, pour toute propriété, qu'un coq rouge. Un jour, las de travailler pour un vieux paysan cruel et pervers, dont il ignore qu'il est le fils, il s'en va, son coq sous le bras. Sur sa route, le hasard fait qu'il participe à la noce de celle qu'il aime en secret. Et le drame éclate. Ivres et obsédés, les invités se gaussent de lui et de son coq qu'ils veulent tuer. Mais l'animal leur échappe. Et, meurtri, battu, perdu dans cette foule excitée par la débauche, criarde, bigarrée, qui fait songer à l'univers orgiaque d'un Breughel, Muharem poursuit sa quête tourbillonnante parmi les paysages étranges qui peuplent son imagination. Nous n'en connaîtrons l'issue qu'à la fin du livre lorsque Muharem écrasé de douleur, voit son coq s'envoler vers le ciel, symbole de son cœur désenchanté. Un été brûlant, une route poussiéreuse qui semble ne mener nulle part, une rivière, un animal flamboyant qui voltige et crie – tels ceux de Chagall – au-dessus d'une foule en sueur: voilà les héros de ce grand roman sensuel et fantastique.

Miodrag Bulatovic est né en 1930 au Monténégro. Le Coq rouge, son deuxième roman, a été écrit en serbo-croate et traduit dans le monde entier.