Les dynasties alsaciennes

Comment, à force de courage, de savoir-faire, d'esprit d'entreprise et aussi de vertu, des familles d'Alsace, deux fois perdue et occupée, se sont transformée en dynasties dont les noms rayonnent partout en France et dans le monde : De Dietrich, Dollfus-Mieg, Schlumberger...

Aucune région en Europe n'a sans doute produit autant de dynasties roturières que l'Alsace. De nombreux métiers s'y perpétuent encore aujourd'hui de père en fils. Ce phénomène est particulièrement spectaculaire dans le milieu industriel. Dans le reste du monde, rares sont les familles qui réussissent à se maintenir pendant plus de trois générations à la tête d'une entreprise. En Alsace, au contraire, beaucoup de dynasties industrielles se sont perpétuées durant six, sept, voire, comme chez les Dietrich, dix générations. De longues lignées de Dollfus, de Mieg, de Kœchlin ou de Schlumberger ont traversé les siècles jusqu'à nos jours. Mais ces grandes familles protestantes ne constituent pas un modèle unique : la variété des destinées est à l'image de la diversité confessionnelle et culturelle de l'Alsace. De plus, ces dynasties n'ont pas seulement contribué à l'industrialisation précoce de la province, elles ont joué dans le développement économique et scientifique de la France contemporaine un rôle particulièrement important, et essaimé dans le monde entier.
Tenter de saisir les raisons de cette richesse humaine est une aventure qui peut réserver quelques surprises.

Michel Hau, auteur d'une thèse sur l'industrialisation de l'Alsace et professeur d'histoire économique et sociale à l'université Marc-Bloch, connaît depuis longtemps le milieu alsacien. Il est conseiller municipal de la ville de Strasbourg.

Nicolas Stoskopf, auteur du volume Alsace de la grande enquête nationale menée avec l'aide du CNRS sur les patrons au Second Empire, est maître de conférences à l'université de Haute-Alsace où il dirige le Centre de recherche sur les économies, les sociétés, les arts et les techniques (Cresat).