Paul Desmond et le côté féminin du monde

Il aimait brûler les cigarettes par les deux bouts. il aimait le scotch dewars avec une ardeur juvénile, et puis rentrer chez soi de travers, au petit matin, se réveiller au milieu de l’après-midi et chercher à tâtons ses lunettes à monture d’écaille, et contempler sa gueule de bois dans le miroir de la salle de bains, avec le sentiment du devoir accompli. il aimait à l’extrême tuer le temps avec douceur. Mourir sans impatience. discuter à perte de vue. Parler littérature, poèmes, ballets, cinéma, comédie. Mais, par-dessus tout, il aimait les femmes. […] elles étaient sa fumée sans feu. et sa musique racontait ce prodige, cette dissipation chatoyante, cette infécondité splendide.

Depuis plusieurs années, Alain Gerber réinvente dans ses romans la vie des plus grands jazzmen, de Louie à Miles, en passant par Chet, Charlie, Frankie, Paul Desmond et Lady Day. En 2009, il a également publié Blues, fresque de l’Amérique à la fin de la guerre civile, au début de l’émancipation des Noirs et aux origines de leur musique. Alain Gerber a reçu le Grand prix du roman de la ville de Paris pour l’ensemble de son œuvre.