Robert Hossein, un homme de bien

J'ai adoré et j'adore Robert Hossein. Avant de le rencontrer dans la vie, je ne savais pas que des êtres de la sorte, tempêtueux, nostalgiques, généreux, fiers et fous pussent exister. Je l'avais découvert dans Angélique, marquise des Anges, le premier film que j'ai vu. Robert est donc le premier acteur qui m'apparut et donc le premier que j'ai admiré et aimé. J'eus la chance et le bonheur de devenir et de rester son ami pendant trois décennies. Le fréquentant, tétanisé par l'admiration, j'ai écrit un livre, il y a plus de vingt ans, puis un nombre incalculable d'articles de toutes sortes. Rien d'autre. Je connaissais trop, trop bien, Robert et je ne voulais pas. Jusqu'au jour où j'ai souhaité saluer son départ par un ouvrage qui est le résultat inachevé de conversations et de récits de décennies d'amitié et de journées de confidences.

Robert avait voulu revenir sur sa vie, en se focalisant sur des points phares et des moments magnifiques de son existence hors des normes. Ce sont donc ses toutes dernières paroles, son tout dernier regard sur le monde, qui se trouvent ici consignés, avant qu'il ne perde peu à peu la mémoire, n'oublie ses souvenirs et ne puisse finir de se raconter. J'ai ajouté à ces premiers chapitres un abécédaire original, ainsi qu'un récit du séjour de Hossein à Lourdes lorsqu'il y préparait ce qui fut et reste son tout dernier spectacle, Une femme nommée Marie, auquel je participais. Je le remercie infiniment, là où il est, d'avoir non seulement inspiré ces lignes mais une grande partie de ma vie. Et aussi de demeurer là à mon côté, à nos côtés, comme un être flamboyant, rayonnant de foi, de folie, de force, de fièvre et de ferveur.

Henry-Jean Servat

Préface de Candice Patou