Santiago Solo

La dictature colle à la peau. Elle s’immisce dans la vie de chacun. Pour longtemps. Bien au-delà du retour à la démocratie. En une cinquantaine de tableaux, l’auteur décrit une foule de personnages, chacun dans une situation et un temps précis, s’échellonant du coup d’État de 1973 à aujourd’hui, sans que plus que des indices de temps et de lieux ne soit jamais donné. Parce que le mal est intemporel, universel.

L’action se déroule clairement entre Santiago et Paris avec quelques incursions dans la campagne chilienne et dans les pays limitrophes mais ni le Chili ni Pinochet ne sont jamais nommés. Un homme et une femme, jamais nommés non plus, se croisent au milieu de personnages qui passent. Un portrait pointilliste se dégage progressivement, une atmosphère, une sentation, un malaise matiné d’espoir.

Le Chili a été traumatisé par le pinochisme et il ne s’en est jamais vraiment débarassé. Ceux qui ont souffert sont marqués à jamais. Ceux qui y ont cru en sont restés nostalgiques. Et pourtant, au-delà du bien et du mal, le portrait dressé n’est pas en noir et blanc, des catholiques très à droite peuvent être touchants et des révolutionnaires de vrais salauds. Au final, une plume acérée, très voltairienne, dresse des portraits sans concession, notamment des diplomates et autres expatriés.