Sermons, 2

Sermons (31-59)

« Paul dit : “Autrefois vous étiez ténèbres, mais maintenant une lumière en Dieu” […] Rien n’est aussi contraire à Dieu que le temps. Non seulement le temps, il veut dire aussi un attachement au temps ; il ne veut pas dire non plus seulement un attachement au temps, il veut dire aussi un contact avec le temps […] Je pense absolument que l’âme est créée loin au-dessus du ciel et que, dans ce qu’elle a de plus élevé et de plus pur, elle n’a rien à faire avec le temps. J’ai souvent parlé de l’opération en Dieu et de la naissance : le Père engendre son Fils unique, et de cette effusion s’épanouit l’Esprit Saint qui est l’Esprit de l’un et de l’autre ; dans cette effusion l’âme jaillit et flue, et l’image de la Déité est imprimée dans l’âme et dans ce flux et ce reflux des trois Personnes l’âme est reconduite et est en retour formée dans sa première image sans image […] Car où le Père engendre le Fils, c’est un “maintenant” présent. Dans la naissance éternelle où le Père engendre son Fils, l’âme a flué dans son être et l’image de la Déité est imprimée dans l’âme » (Sermon 50).

Comme ici sur la naissance éternelle de l’âme humaine, les sermons d’Eckhart s’élèvent sans transition aux plus hautes spéculations. Au moment de sa publication, la traduction a été saluée comme « admirable ».

Maître Eckhart (1260 en Thuringe –1328 ?)

Membre de l’Ordre des dominicains, est considéré comme le plus grand mystique « rhénan » du Moyen Âge.

Présentation et traduction de l’allemand par Jeanne Ancelet-Hustache.