UN JESUITE ANTHROPOLOGUE AU LAC IRO, TCHAD - L'ANTHROPOLOGIE VISUELLE DE CLAUDE PAIRAULT A BOUM KABI

Du village de Boum Kabir, situé au bord du lac Iro au Tchad, Claude Pairault rapporte une somme de documents – photos, films, cartes, dessins, croquis – qui vont déterminer son itinéraire de chercheur. Ses longs séjours dans cette commune rurale isolée, à laquelle il reste attaché jusqu’à son décès en 2002, vont façonner son regard et fonder son ancrage en Afrique. Dès son arrivée à Boum Kabir, il pratique une ethnographie par l’image. Il n’a de cesse de photographier et de filmer les corps, les gestes, les regards, les espaces. L’acuité de son regard autant que sa bienveillance lui permettent de capter le langage du corps, l’esprit des lieux et le sens des rituels. Claude Pairault va ainsi restituer, avec la rigueur du jésuite et la finesse de l’ethnologue, les multiples mondes que la population de Boum Kabir a connus de 1959 à 1992. C’est ce trésor iconographique exceptionnel qui est partagé aujourd’hui avec les villageois du lac Iro, la communauté jésuite du Tchad et tous ceux qui veulent comprendre de l’intérieur comment l’Afrique a traversé la seconde moitié du xxe siècle.

 

Anthropologue et sociologue, Rabia BEKKAR a étudié à l’université François Rabelais de Tours, puis à l’université Paris X-Nanterre où elle a été maîtresse de conférences. Elle est actuellement chercheure à l’Institut de recherche pour le développement et membre de l’Institut des mondes africains à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris.
Ses principales recherches s’inscrivent dans les champs de l’anthropologie urbaine et du fait religieux. Ses travaux, fondés sur des enquêtes de terrain de longue durée mobilisant, à la faveur du renouveau de l’anthropologie visuelle, tous les outils de la discipline (discursifs, textuels et visuels sous toutes les formes d’expression), analysent les usages des espaces, privés et publics, et leurs matérialités. Le présent ouvrage en donne un aperçu. Après de nombreuses études sur les rapports sociaux de sexes, les politiques publiques de logement et de la ville, les migrations et les pratiques urbaines, elle développe, aujourd’hui, une analyse de la réorganisation de l’espace religieux articulé aux poli-territorialités des pratiques ordinaires des individus liées à leurs croyances et représentations. À partir de cette approche, Rabia BEKKAR essaie de comprendre les mécanismes de « fécondation » des comportements quotidiens par de nouvelles formes de religiosité mises en scène dans les lieux publics et sous-tendues par un discours d’énonciation et de justification politiques. Ses terrains de recherche s’ancrent, essentiellement, en France, au Maghreb et au Sahel. Elle a enseigné, conduit des programmes de recherches et assuré des commissariats d’expositions dans les musées, les universités et les écoles d’architecture de Tours, Nanterre, Paris 1, Paris-Belleville, Barcelone, Florence, Lisbonne Nouvelle, Tlemcen, Rabat, Dakar, Moroni, N’Djaména et aux USA où elle fut, entre autres séjours, Visiting Scholar au Center for Contemporary Arab Studies de l’université de Georgetown à Washington. Rabia BEKKAR a publié depuis 1992 sur ces thèmes en français, en anglais et en arabe, de nombreux ouvrages, articles, contributions, expositions et rapports de recherche.